vendredi 25 janvier 2008

Look et idéologie

La Peltag est très heureuse que des usagers de la mode lui posent des questions qui sont autant de défis intellectuels à relever. La question du jour nous fait aborder un sujet d'importance sur la charge idéologique du look.

J'ai lu quelque part ces propos tenus par un agent de la Peltag : "Vous avez tout à fait raison sur le constat : le keffieh est partout. Et je comprends votre réticence à le porter tel un accessoire comme si vous portiez un tee-shirt de parti politique. Cependant, n'oublions pas qu'à l'origine, le keffieh est simplement la coiffe traditionnelle des paysans et des Bédouins, destinée à les protéger du soleil et des tempêtes de sable et que n'est que plus tard qu'il est devenu le symbole de la résistance palestinienne." [Courrier du lundi de la Peltag dans Brain Magazine le 21 janvier 2008, ndlr] C'est marrant ce discours sur les Bédouins. Comme si certains punks défendaient leur tatouage de croix gammée en disant "c'est un symbole hindou". J'aimerais que la Peltag se prononce sur la tendance séculaire de l'utilisation dans la mode et plus largement la culture pop de symboles chargés idéologiquement, à des fins non idéologiques. Est-ce autorisé par la Peltag et si oui, pourquoi ? A-t-on le droit de vendre des t-shirts Che Guevarra ? Le Prince Harry a-t-il le droit de se déguiser en nazi ? Le détournement des vêtements et accessoires militaires a-t-il un sens ? Est-ce cool d'arborer un badge Edith Cresson ? etc. Je suis sûr qu'un nuage de règles et de critères de la Peltag pourrait nous guider.

Il relève de la sociologie de comptoir de dire que s'habiller permet aux individus de s'insérer dans un groupe social : si pour la majorité des individus (non sensibles), le groupe rejoint est constitué de la masse des anonymes que l'on croise dans la rue, poussée un peu plus loin, la logique d'habillement permet d'identifier des groupes sociaux plus marqués comme les punks ici cités. Parfois, un simple accessoire (badge, keffieh) permet de politiser une tenue.

D'une manière générale, la Peltag est plutôt contre l'utilisation de symboles
(politiques ou religieux) très chargés idéologiquement dans le look. Dans l'article cité par cet usager, la recommandation finale de la Peltag est de ne porter un keffieh que si c'est dans une version finalement très éloignée du keffieh traditionnel et qui en a perdu la symbolique pour ne devenir qu'un vulgaire foulard imprimé.

Si la Peltag est contre ces signes, ce n'est pas pour éviter d'essayer d'établir une gradation entre ce qui serait moralement acceptable et le reste, même si on pourrait trouver un consensus sur le rejet de certains signes ; mais que ce soit une croix gammée, un signe peace and love, ou une main de Fatimah, ces symboles (portés en collier, en boucles d'oreilles ou imprimés) ne sont de toute façon ni drôles ni élégants et n'apportent aucun intérêt supplémentaire au look. La tenue militaire et tous ses dérivés (dont l'imprimé camouflage qui doit être banni impérativement de toute garde-robe digne de ce nom) atteint le paroxysme d'absence d'élégance et d'humour et doit être proscrite.

La question est alors de savoir : qu'est-ce qui est drôle et élégant ? Si vous lisez ce blog régulièrement et que vous appréciez cette lecture, il y a fort à parier que vous trouverez, comme la Peltag, que porter une croix gammée n'est pas drôle, alors que mettre sur un badge, telle une égérie, la tête du Premier Ministre resté le moins longtemps en fonction dans l'histoire de la Ve République, est franchement marrant. Si comme le Prince Harry, vous trouvez très spirituel de vous déguiser en nazi, vous n'avez rien à faire là et n'avez pas besoin des services de la Peltag. Si vous portez un badge I (coeur) Sarkozy et que vous trouvez ça drôle (au premier comme au second degré), idem.

Ainsi, on comprendra pourquoi porter un badge Edith Cresson est autorisé, voire recommandé car c'est objectivement drôle et décalé.

Pour finir, en ce qui concerne l'exemple précis des tee-shirts à message, la Peltag vous renvoie au règlement édicté l'année dernière à l'occasion des élections présidentielles et consultables dans les archives de la Peltag, ici.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Chère Peltag, Chers porteurs de T-shirt du Che

Vous militer sans doutes à des dégrés divers pour une approche ludique du look, c'est fort louable, mais on peut aussi réfléchir au sens des accessoires politiquement marqués que l'on arbore.
Par exemple, porter un T-shirt à l'éffigie de Jean Poperen et militer pour la baisse des charges patronales me semble tout a fait incohérent, sauf si d'autres éléménts de look (Cravate avec texte explicatif, Mitre avec schema pédagoqique...) viennent clairement exprimer l'audace, les tenants et les aboutissants d'une telle démarche.